Publié en 1916, Le Feu d'Henri Barbusse (1873-1935) est sans doute le plus lu des romans français de la Grande Guerre (200 000 exemplaires vendus en 1918 ; 350 000 en 1924).
Le présent ouvrage interroge, dans une perspective historique et littéraire, la manière dont s'est construit son succès et examine comment une telle oeuvre, porteuse d'un réel discours pacifiste, a pu être éditée durant le conflit, sans être mutilée par la censure, et obtenir le prix Goncourt. Il propose une relecture du Feu en le replaçant dans son contexte de production, en étant attentif à sa langue, à sa composition, à ses héros ainsi qu'à son histoire rédactionnelle, tout en se méfiant des effets de sens que Barbusse a imposés après coup. Ainsi, Le Feu est-il situé dans l'univers des discours qui disent la guerre pendant la guerre.
S'intéresser aux discours du Feu amène à examiner, dans les jeux complexes qui les associent, les discours dont Barbusse hérite, ceux qu'il élabore et ceux qu'il suscite. En recourant à des documents jusqu'ici peu exploités, cette étude propose de nouvelles analyses des traits d'écriture les plus marquants et les plus novateurs de l'oeuvre (instabilité générique, utilisation de l'argot, scénarisation de la parole, etc.).