« Une étude dramatique » : c'est sous cette mention que paraît à l'automne 1891, dans une importante revue littéraire viennoise, une pièce de théâtre en vers intitulée Hier, signée d'un inconnu, Theophil Morren. La curiosité des milieux littéraires est aussitôt éveillée par la virtuosité de ce texte au ton nouveau, que la revue reprend sous la forme d'un petit volume épuisé en quelques jours. Qui est Theophil Morren ? Les journaux vont bientôt révéler au public que, sous ce pseudonyme, se cache un lycéen de dix-sept ans qui se fait également appeler Loris. Grâce à cette pièce et à quelques poèmes, le jeune Hugo von Hofmannsthal - car c'est de lui qu'il s'agit - connaît une célébrité immédiate.
À Imola, près de Bologne, dans la seconde moitié du XVe siècle, un jeune seigneur fortuné, Andrea, met en pratique un art de vivre fait d'esthétisme, de culte du moi et de pure jouissance de l'instant, sans considération du passé. Mais quelques heures suffiront à bouleverser sa vision du monde. Andrea va découvrir qu'il ne peut ignorer ni la loi du temps qui lie le moment présent et le jour d'hier, ni la possibilité de souffrir inscrite au plus profond de la nature humaine.
C'est ici la première traduction française de ce texte, que Hofmannsthal a considéré jusqu'à la fin de sa vie comme une des clés de toute son oeuvre. La même inspiration le conduira vingt ans plus tard à écrire pour Richard Strauss le livret de l'opéra Le Chevalier à la rose.