Romanisée avant la Gaule Narbonnaise, l'Espagne a été, après la Sicile et avant la Grèce et l'Orient, le laboratoire de l'impérialisme romain, confronté à la thalassocratie punique. La Bétique, encore appelée « Espagne Ultérieure », a révélé un très dense tissu urbain : elle illustre le fait que la romanisation est par essence urbanisation. Superposée au vieux fonds ibéro-punique et aux établissements grecs, la romanisation de la Péninsule a créé partout, pour reprendre l'expression de l'empereur Hadrien, des « images reflétées de Rome ». L'ancienneté de l'occupation et de la romanisation explique que nulle province n'ait, en deux siècles à peine, fourni autant de grands noms à la littérature latine : les Sénèques et Lucain, originaires de Cordue, Columelle, de Gadès, Martial, de Bilbilis, et Quintilien, de Calagurris ; cette tradition s'est maintenue jusqu'au Bas-Empire, illustrée par le poète chrétien Prudence et le savant évêque Isidore de Séville. Le présent ouvrage n'est nullement une somme consacrée à la romanisation de l'Espagne. Il se propose plus modestement d'illustrer, à travers quelques exemples phares empruntés à différents domaines d'étude, la présence culturelle de Rome dans la péninsule Ibérique et sa spécificité.