On croit souvent connaître Louise Michel car on a pu lire ses Mémoires (édition Roy, puis Maspero, puis Sulliver). Or, ils ont été publiés en 1886, elle avait encore 19 années à vivre... Que sait-on des dernières années de sa vie, si importantes puis-qu'elle était devenue une des plus grandes figures du mouvement révolutionnaire français, et même international ? Nous avions les traces qu'ont laissées ses lettres, les témoignages de ceux qui l'ont connue. Il nous manquait la suite de son autobiographie.
La voici aujourd'hui publiée pour la première fois, grâce à un cahier autographe, possession de la bibliothèque féministe Marguerite Durand. Et ce cahier, écrit à Londres quatre mois avant sa mort, nous révèle les événements vécus par la vieille et implacable anarchiste, ses rencontres et aventures, ses sentiments et même ses projets. Bien qu'elle écrive cette histoire de sa vie à l'approche de la mort, elle affirme très haut l'avenir imminent de l'explosion sociale qui conduira l'humanité au stade radieux de l'anarchie ; elle fourmille de rêves, comme de construire une Tour Eiffel la tête en bas pour aider les mineurs à descendre dans les galeries, ou bien d'aller délivrer Dreyfus à l'île du diable ! Elle chante Le Temps des cerises avec son ami Clément, et n'oublie jamais de crier «debout les damnés de la terre» avec son camarade Pottier...
Avec humour, avec grâce, avec émotion parfois, avec fougue toujours, la Vierge rouge nous livre ici un testament enflammé où, au milieu des attentats, des tortures, des misères, sa foi révolutionnaire jamais ne faiblit, car «à travers des fleuves de sang, voici venir la délivrance».