On ne trouve nulle part d'étude complète sur la fraternité mystérieuse de la Rose-Croix ; ceux qui en parlent au XVIIe siècle le font dans un style trop allégorique pour être compréhensible ; au XVIIIe siècle, on méconnaît ces adeptes en abusant du prestige de leur légende ; au XIXe, des érudits comme Bühle, ou des occultistes, comme les écrivains anglais récents, n'ont su ou voulu présenter qu'un côté de la question.
Semler les a étudiés avec l'intérêt d'un sociologue et d'un curieux de la Nature : il était bon chrétien et tenait l'alchimie pour une science respectable et pleine de découvertes utiles.
Bühle ne s'est intéressé aux Rose-Croix qu'en simple érudit. Il pense que Francs-Maçons et Rose-Croix ne faisaient qu'un à l'origine, mais qu'ils se sont disjoints pour propager, quant aux premiers, les idées philosophiques, la philanthropie, la liberté religieuse, le cosmopolitisme ; - quant aux seconds, pour continuer les rêveries cabbalistiques, alchimiques, et magiques de leurs prédécesseurs.
Bien que professant une doctrine interprétative du christianisme, beaucoup plus pure et plus haute que celle des prêtres, les Rose-Croix, à l'existence desquels le moyen-âge et la Renaissance crurent généralement, étaient tenus par tout le monde comme magiciens et sorciers d'une grande puissance.