Le dixième volume des Demeures de l'esprit est aussi le cinquième de la série française. Il est consacré aux maisons d'écrivains, d'artistes, de compositeurs, d'inventeurs ou de grands intellectuels de l'Île-de-France, moins Paris.
De ces maisons la plus fidèle à son grand homme, et l'une des plus séduisantes, est celle de Ravel à Montfort-l'Amaury. Elle n'a pas de mal à l'emporter sur la maison natale de Debussy à Saint-Germain-en-Laye, qui n'est hélas qu'un musée flanqué d'un office du tourisme. Le Prieuré de Maurice Denis, dans la même ville, est lui aussi un musée plus qu'une habitation, mais, dans son cas, c'est plus légitime, les oeuvres d'art y abondent, de même qu'à Meudon, chez Rodin, non loin de là. Et si la muséification a frappé un peu trop fort la maison de Mallarmé à Valvins ou celle de Cocteau à Milly-la-Forêt, elle ne les a pas dépouillées tout à fait de leur charme et elle a laissé intacte celle de Foujita à Villiers-le-Bâcle ou celle de Pierre Mac Orlan à Saint-Cyr-sur-Morin.
La plus modeste est probablement celle où naquit Louis Braille à Coupvray, près de Meaux ; la plus fastueuse est sans doute la
Vallée-aux-Loups, à Châtenay-Malabry, où Chateaubriand mena grand train dix années durant. Celle d'Aragon et d'Elsa Triolet à Saint-Arnoult-en-Yvelines est un vaste moulin ; celle de François Mauriac à Vémars est devenue la mairie du village. Rosa Bonheur habitait un château nommé By, à Thomery ; Jean-Jacques Rousseau une maison de poupée à Montmorency. Daubigny vivait en bourgeois à Auvers-sur-Oise, Jean-François Millet en rapin à Barbizon. À Bossuet un palais épiscopal, dans Meaux ; à Tourgueniev une datcha, à Hougival, avec vue sur Pauline Viardot, dont le manoir est en contrebas. Quant au pauvre Alexandre Dumas, à Port-Marly, il ne profita que quelques mois de son opulente folie, Monte-Cristo.