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Trente-six ans avant le livre de Jean Paulhan intitulé Les Fleurs de Tarbes ou la terreur dans les Lettres, qui analysait un phénomène imprégnant les avant-gardes littéraires, l’idée de la littérature comme lieu de la subjectivité absolue, André Gide rappelait que l’homme n’est pas une île et que c’est en cédant à l’« influence » de forces étrangères qu’il a des chances de découvrir du neuf en lui-même. Parallèlement, après que la philologie eut fait la part belle à la recherche des sources, la critique allait mettre au point une théorie plus large, baptisée du nom d’intertextualité, posant que tout texte peut se lire comme l’intégration et la transformation d’un ou de plusieurs hypo-textes. Parmi le vaste champ d’influences qui irrigue le monde littéraire sous les multiples formes que peut prendre la relation de texte à texte, il est un filon dont on a reconnu depuis longtemps la fonction matricielle : c’est la Classical tradition, explorée par Gilbert Highet dans un maître-livre paru en 1957 et couvrant de larges pans de l’influence gréco-latine sur la littérature européenne. Dans un champ limité à ce que le philosophe Rémi Brague appelle, en 1992, la « Voie romaine », l’auteur de ce livre, inspiré par les mots de Dante célébrant l’auteur de l’Énéide, « cette source qui ouvre un si grand fleuve de langage » (Enfer, I, 79), a voulu offrir non pas un inventaire mais, à titre incitatif, un éventaire des forces à l’œuvre dans ce processus d’appropriation créatrice d’un héritage.