1917 : l’Amérique déborde massivement ses frontières, avec ses soldats, son jazz, son cinéma, sa littérature et ses capitaux. La France regarde, fascinée, inquiète : est-ce la fin de l’Europe ? le début d’un monde nouveau ? Pour les écrivains français, c'est à tout le moins un soudain élargissement de l’horizon, l’avènement d’un nouvel imaginaire des États-Unis. Ce livre enquête sur ce bouleversement des représentations de l’Amérique qui, dans l’entre-deux-guerres, touche aussi bien les avant-gardes que les antimodernes, les fascistes comme les communistes, les humanistes tout autant que les non-conformistes. Même ceux qui refusent de s’y intéresser ont leur place sur l’échiquier où se dessine l’avenir d’une modernité esthétique et politique, chargée d’enjeux existentiels, éthiques, civilisationnels : l’Amérique ou l’anti-Neutre par excellence. Découvrir ou relire les textes qu’Aragon, Bazalgette, Céline, Cendrars, Cocteau, Drieu La Rochelle, Duhamel, Gide, Giono, Morand, Nizan, Pozner ou Soupault, parmi beaucoup d’autres, ont écrits à la lueur du Nouveau Monde, c’est comprendre comment, tout en se faisant l’écho d’un discours et d’un imaginaire d’époque - moins unanimement antiaméricains qu’on ne l’avait cru jusqu’ici-, chacun de ces écrivains a eu sa propre manière d’inventer l’Amérique. Une invention qui continue de parler au lecteur d’aujourd’hui.