Philippe Randa a-t-il raison de dénoncer les scandales
sur un ton un rien paisible, un rien ironique ? La
question est de savoir si comme le disait un cynique italien
dans les années 80 - déjà... - «il y avait des scandales,
mais il n'y en a plus...» : une opinion saturée de
la mondaine porcherie en devient-elle blasée ?
L'auteur de ces nouvelles «chroniques barbares»
ne le croit pas, et c'est pourquoi il dénonce, par-delà
les scandales, les absences de scandales. Malheur à
celui par qui l'absence de scandale arrive !
Le public se croit informé, il ne l'est pas ; ou il se croit renseigné, comme
dans le village de la célèbre et désormais culte série télé Le Prisonnier... et il
n'est qu'informé : il n'a que des bribes.
Philippe Randa a le goût des formules bien commerciales qui sont souvent
les meilleures : il impose dans le paysage éditorial l'expression «politiquement
incorrect». Le politiquement incorrect est tout ce qui doit être tu. Le système
repose sur la peur et le mensonge, il repose aussi sur le silence entendu : par
exemple la francisque de Mitterrand dont les médias niaient l'existence avant
de lui ruer dans les brancards... Mais beaucoup savait que cette francisque
existait et qu'elle tintait. C'est cela être politiquement incorrect...
On retrouve donc dans ces chroniques beaucoup de richesse informative,
aucune rage, un ton à la fois serein et philosophe, avec parfois, pourquoi pas !
Un soupçon de révolte, comme celle de nos indignés qui ont défrayé la chronique
l'an dernier... et qui inspirent le titre de cet ouvrage.
Il faut dire que l'année écoulée aura été celle de tous les scandales, de toutes
les dépravations, même si 2012, entre le naufrage du Concordia et les dégradations
des notes souveraines, s'annonce aussi «bonne»...
Oui, cette année 2011 est un scandale et elle mérite un chroniqueur patenté
et de sang-froid pour tout recenser, dénoncer et au besoin expliquer.
Au-delà des faits, il y a les causes (qui a fait l'euro, et pourquoi ? Qui est
donc DSK ? Qui est donc Ben Laden ?) ; et au-delà des faits, il y a la bêtise petite-bourgeoise
increvable de la presse... et l'abjection commentatrice.