Pourquoi lire Franz Bopp (1791-1867), ou plus exactement ce que Michel Bréal (1832-1915) dit de Franz Bopp, respectivement un siècle et demi et un siècle après leur disparition ?
Eh bien, pour combler des lacunes de culture générale linguistique (ou de culture linguistique générale).
Lacunes non pas - ou non seulement - historiques, mais méthodologiques, heuristiques et épistémologiques, couvrant ce qui s'est passé dans les sciences du langage pendant la centaine d années qui va de la naissance du comparatisme au tournant du XIXe siècle jusqu'à la publication du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure par Bally et Sechehaye (1916), puis jusqu'aux travaux indo- européens d'Emile Benveniste (v. par exemple Origines de la formation des noms en indo-européen, 1936. Noms d'agent et noms d'action en indo-européen, 1948, Vocabulaire des institutions indo-européennes, 1969).
La crise qui règne dans les universités françaises (et plus largement européennes) depuis le passage au régime libéral de financement des laboratoires et des projets de recherches fait que les jeunes enseignants-chercheurs n'ont plus le temps de lire ce qu'ils n'ont pas lu en thèse pour compléter leur formation scientifique après avoir trouvé un poste. D'où l'intérêt pour eux de s'initier grâce à Bréal aux bases de la phonétique historique et de la grammaire comparée. Car même si nombre de ces problématiques sont aujourd'hui caduques, elles constituent le socle des études sur lesquelles reposent le savoir d'aujourd'hui et les interrogations de demain.
Un avenir est-il possible sans passé ?