Italie des débuts, du Quattrocento, celle d'aujourd'hui, toutes
existent. S'y rencontrent les fantômes vivants de ceux qui vécurent,
aimèrent, créèrent. Autant d'âmes qui hantent la lagune vénitienne.
Tel est le parcours onirique et secret de cette âme qui nous peint
une « scène intérieure » sur laquelle se jouent le silence et la fulgurance.
Chaque récit évoque un moment, une « embellie de l'âme », selon
l'expression de Roger Caillois dans son Fleuve Alphée.
Le paysage recèle une vertu mémorielle pour qui sait entendre
la voix des mythes. La narratrice les lit en chaque lieu, cherchant « un
pont », voilà sa quête. La synesthésie les lie au diapason de San
Michele, le cimetière de Venise, qui rassemble les voix et la musique
tremblante des trépassés parcourant les allées comme les nouvelles
poétiques d'Angèle Paoli.