Qu'est-ce qu'une écriture de l'incertitude pensée autrement que sous le signe de la perte ? Comment évolue-t-elle selon les contextes de l'ère du soupçon, du roman de la déconstruction, du roman postcolonial à l'ère des témoins et de la diversité ? Comment les écrits de Jean-Marie Le Clézio dialoguent-ils dans un chaînage de Deleuze à Glissant, dans la lumière des expériences îliennes ? Et si à l'ère des éclats se substituait celle des entrelacs : alors la fécondité de la Relation, outre l'éloge de la diversité, serait ethos du partage. Partage des mémoires, des lieux et de nos musées intérieurs... hors les murs. L'intertextualité n'est plus alors le lieu commun de l'analyse littéraire mais le commun des livres partagés. Du Procès-verbal (1963) à Histoire du pied et autres fantaisies (2011), J.-M.G. Le Clézio engage un jeu avec le lecteur pour qu'il fasse l'expérience de ce partage et d'un monde élargi. Il nous parle des zones invisibles de notre histoire, de notre terre non par bonne conscience, comme il est souvent dit hâtivement, mais pour ne jamais perdre de vue combien nous aliènent notre désir de pouvoir et nos maigres certitudes.