Simon Hantaï, connu comme un des plus grands peintres français des années
1960 à 1990, avait décidé de ne plus peindre ni exposer. En revanche il lisait des
philosophes et entretenait des rapports avec certains, soucieux qu'il était des enjeux
de son art. Au fil d'années de conversations et d'un travail commun autour d'un
livre de Jacques Derrida, Jean-Luc Nancy avait essayé d'ouvrir une voie vers un
projet qui n'aurait pas abouti à une «exposition» mais à une mise au jour, à une
monstration du travail et de la pensée de Hantaï. Celui-ci en vint à approuver ce
projet qui commençait en même temps à pouvoir être pratiquement mis en oeuvre.
Mais sa disparition, en 2008, suspendit l'entreprise dès son premier pas.
Le chemin qui y avait mené n'en était pas moins consigné dans un certain
nombre de lettres par lesquelles Hantaï avait accepté de répondre à la demande de
Jean-Luc Nancy : parler de son travail et de son histoire, dire ce qui, pour lui, faisait
l'essentiel de la peinture. Un motif domine ses déclarations : l'effacement de l'«auteur»,
du «créateur», l'impersonnalité de l'acte d'où surgit l'oeuvre. Ce retrait
farouche du «moi» le tenait à l'écart aussi bien de la scène artistique publique
que du marché de l'art et des revendications théoriques, des mouvements ou des
tendances.
Ce volume contient les lettres échangées dans ce contexte ainsi qu'un certain
nombre de documents auxquels elles font référence, travaux anciens de Hantaï ou
bien textes auxquels il renvoie.