La bêtise est vertigineuse. Jean Yanne a un don : il la flaire,
la débusque, à l'instinct, avant tout le monde. Comme
Pierre Dac, Pierre Desproges, Coluche ou quelques autres,
il devine nos bassesses, nos ridicules. C'est un esprit libre
qui cogne de tous les côtés : les gouvernements censeurs,
les gauchistes aveugles, les bourgeois confits, les collabos
rampants, les racistes honteux, le show-biz, les curés,
l'armée. Il ne s'autocensure jamais, mais son rire n'est
jamais blessant ni méchant.
En explorant les archives de l'INA restées inédites, Fabrice
Gardel a rassemblé une mine de pépites. Elles sont la
matière de ce livre : des sketchs, des interviews, des extraits
d'émissions de télévision et de radio, des photos... Quelle
liberté de ton, quelle culture, quelle lucidité ! Dans notre
époque narcissique, étriquée, ricanante, cette fraîcheur fait
du bien. Jean Yanne n'est pas un idéologue, donneur de
leçon, ni un coupeur de tête. Il est le premier à ne pas
se prendre au sérieux. Alors, Jean Yanne reviens, on est
devenu (trop) cons !