« Des corps se défont, nous montrent leur enfermement, dans une solitude masturbatoire, à même le sol, dans des pièces
insalubres. Nous assistons au viol de nos yeux. »
Ce livre est né de la rencontre d'une peinture, celle de Jean Rustin, et d'un poète, Michel Bourçon.
Si les regards sont inhabités, les mots vacillent devant cet abîme. Plus qu'une tristesse à peine soutenable, ils disent
qu'« à bien les regarder, chacune de ces toiles contient un monde, toujours le même, où ce qui se joue dans le cadre se
joue en nous, au même moment, une lente dérive vers la nuit, vers ce qui aura lieu, au terme de notre condition. »
« Qu'est-ce que je peins... une espèce de monde clos, comme ça... une espèce de paradis ou d'enfer, où je me retrouve
tout à fait comme dans la réalité... [la réalité] c'est quelque chose de très difficile à supporter, je trouve, une absence d'univers
peut-être, un univers tellement vide, tellement... presque un espace abstrait, presque... tout en étant parfaitement réel. Mais il
ne s'y passe rien, c'est une espèce de prison. »
Jean Rustin, dans le film d'Élisabeth Azoulay, réalisé par Alain-Charles Beau, « Jean Rustin, l'inquiétante étrangeté ».