«Le projet de Jérusalem terrestre était d'accompagner
un roman en cours d'écriture, de presser l'éponge
lorsqu'elle était trop pleine. Plongé dans le contraire
d'un pays sans légendes, embarqué dans le berceau de
tous les mythes, craignant d'être peu à peu débordé
par l'avalanche d'informations qui me tombait dessus
chaque jour, j'ai très vite éprouvé ce besoin de faire le
tri entre ce qui pourrait servir au roman et ce qui ne
servirait pas, toutes ces petites brisures du réel qui ne
pourraient pas coller [...] tous ces faits trop précis, ces
myriades de chiffres, ces illustrations nécessaires, qui ne
trouveraient pas leur place ou tiendraient dans d'encombrantes
annexes ou de superfines notes de bas de page.
Jérusalem terrestre, au contraire s'autoriserait à coller des
petits bouts de vécu, des fragments de discours.»
De son séjour à Jérusalem, Emmanuel Ruben rapporte
un texte qui interroge les cartes, met au jour les frontières,
les limites, les murs qui sillonnent aussi bien la
géographie d'une région aux contours flous que celle,
intime, de ses habitants.