Journal (1935-1944)
« Ce Journal extraordinaire, si personnel, qui décrit jour après jour " l'usine de l'antisémitisme " qu'était la Roumanie des années 1930 et 1940, mérite de figurer aux côtés de celui d'Anne Frank dans toute bonne bibliothèque, et de connaître un succès aussi important. »
Philip Roth
Dans ce document historique, Mihail Sebastian dresse un constat lucide et désespéré sur l'engagement à l'extrême droite de la majorité de l'intelligentsia de son pays pendant l'entre-deux-guerres.
Couvrant les années 1935 à 1944, on y retrouve la quasi totalité des grandes figures, dont Cioran et Mircea Eliade, frayant gaiement avec la Garde de fer, sous la houlette de Nae Ionescu devenu à partir de 1934 le maître à penser officiel de ce mouvement fasciste. Mihail Sebastian en fera lui-même les frais puisqu'il sera emprisonné dans les camps.
Si ce journal éclaire une partie occultée de l'histoire de la Roumanie, il renvoie plus largement à la relation trouble que nombre de pays européens entretenaient avec le nazisme. Il décrit avec acuité la tragédie de l'Holocauste : si Primo Levi ou Imre Kertész ont immortalisé l'enfer du camp, le purgatoire de Sebastian, c'est sa chambre car il y vit cloîtré, sous la menace quotidienne d'une arrestation. Seuls la musique, les lectures, l'amour lui permettent de surmonter l'angoisse et son journal s'en nourrit passionnément.