Antoine Sartori, sous-officier en retraite, transpire le malheur et
le fiel. En d'autres temps, il eût été un vieillard chagrin et inoffensif.
Mais c'est 1943, et c'est Paris. L'ancien combattant de la Grande
Guerre, le fils d'officier général, tombe du côté du vainqueur et de
ceux qui le servent. La pénurie, les bombardements, la persécution
des autres alimentent ses préjugés et ses haines. Antisémite,
anticommuniste, anti-Alliés, il est tout entier raidi dans le refus,
sans pour autant oser agir, ni même tenir tête à Angèle, sa cousine
gaulliste, qui le domine de haut.
Cette année-là, il a tenu son journal, chronique précise et
dérisoire de l'existence quotidienne, où le passé médiocre se mêle
au présent misérable, qu'éclaire un moment, avant le drame ultime,
la figure d'une enfant.
Ce roman restitue avec une saisissante justesse le malheur des
temps et la déchéance d'un homme comme les circonstances, alors,
en révélèrent beaucoup.