La légende est solide : elle retient de Judith Gautier sa beauté
et ses amours. Victor Hugo et Wagner, deux géants, l'ont associée,
au moins par ricochet, à leur épopée. Fille de Théophile
Gautier, elle a de qui tenir quand, blessée dans son orgueil par
Catulle Mendès l'ambigu, elle se réfugie dans l'écriture.
Elle offre une série de titres qui établirent sa renommée.
S'éteignant, un soir d'hiver, pendant la Première Guerre mondiale,
elle passe pour l'une des femmes les plus libres ; cette
liberté, elle l'a acquise grâce à une intelligence célébrée par
les plus exigeants, grâce aussi à ses combats ; en une époque
où le style avait un sens, ses ouvrages paraissent aujourd'hui
comme autant de bijoux rares. Elle est, il y a plus de cent vingt
ans, la romancière audacieuse qui ose interroger les mythes
de peuples lointains : ils occupent, de nos jours, une place
prépondérante : l'Inde, le Japon, la Chine, l'Iran...
Sur cette femme somptueuse et qui, par un rare don de
précurseur, a su allier art et pensée, il manquait une biographie
qui mettrait en parallèle la vie et l'oeuvre.
Bettina L. Knapp s'en acquitte avec maestria.