Comment une société se reconstruit-elle après une dictature ou
des crimes de masse ? Pendant des siècles, la principale réponse
fut celle de l'amnistie et du silence. Pierre Hazan examine ici le
renversement de stratégie qui s'est produit avec les tribunaux de
Nuremberg et qui s'est accéléré depuis la fin de la guerre froide.
Désormais, ce n'est plus le silence, mais la parole qui est censée
guérir les plaies de l'histoire avec les commissions Vérité, les
tribunaux pénaux et les lois mémorielles.
Mais quel est l'impact de ces politiques de réconciliation ?
L'auteur dresse ici un premier bilan de la justice transitionnelle. Il
analyse, en particulier, la conférence diplomatique de Durban, qui
entendait guérir les blessures nées de l'esclavage et de la colonisation,
la commission Vérité du Maroc, la première à naître dans
le monde arabo-islamique, et les poursuites engagées en Afrique
par la Cour pénale internationale.
Cet ouvrage montre comment cette révolution juridique, politique
et culturelle mobilise les énergies et suscite l'espoir de refonder des
sociétés. Décryptant les tensions générées par ces nouvelles politiques
de réconciliation (en particulier, la recherche simultanée de
la paix et de la justice), les dangers qui les guettent (la sacralisation
de la victime, la guerre des mémoires), et parfois leurs dérives,
l'auteur met en évidence comment ces stratégies mémorielles
ont intensifié le vaste chantier d'exigence de reconnaissance des
victimes, réaménageant notre rapport au passé et affectant nos
choix politiques présents.