Né dans l'East End de Londres le 12 novembre 1934, Keith Barnes, enfant, peint aux côtés de son grand-père et compose dès l'adolescence. À treize ans, il entre sur concours à la Royal Academy of Music. Ses oeuvres sont jouées. En 1962, il rompt avec tout ce qui a précédé. C'est en 1963, après un long séjour à Chypre, qu'a lieu sa rencontre décisive avec Jacqueline Starer. Ils vivront à Paris, aux États-Unis, en Israël puis de nouveau à Paris où Keith Barnes meurt le 10 septembre 1969 d'une leucémie aiguë.
Avec K.B., Jacqueline Starer nous introduit au coeur de l'oeuvre de Keith Barnes comme seule pouvait le faire celle qui consacre encore tant d'énergie à conserver, traduire et faire - entendre - la voix d'un homme dont la création prend en défaut toute classification réductrice. C'est pourquoi nous avons placé son édition bilingue à l'articulation de l'ouvrage en trois volets présenté ici, tandis que Les poèmes choisis sont - livrés - sans filet, sans retenue de sens.
Want to Wake Alive est une Ouverture à part entière, celle d'une Vie qui veut se réveiller Vivante. La texture, la trame sonore, les constellations harmoniques et polyphonies flottantes donnent à sa langue à claire-voie un impact sensoriel qui fait entrer en résonance nos mémoires et nos imaginaires musicaux, graphiques et picturaux. Si elles n'ont pas été éprouvées d'abord, le sens ne peut que les oblitérer, tant nous avons désappris à entendre et à recueillir ce qui nous désoriente
à force de tendre à nous recentrer.
Keith Barnes habite l'incarnation d'une évidence : la vérité de l'oeuvre s'élabore comme une respiration de l'entre-deux où le son se conjugue à la lumière pour faire surgir d'une faille, d'une déchirure, d'une conscience insoupçonnée, le profil pur du réel qu'elle a sculpté.
Avec Aussi petit que mon prochain, l'interprétation française de Jacqueline Starer défie la traduction et renvoie au coeur textuel qu'elle partage. MBH.