La chevalerie au Moyen Âge repose sur l'estime et les ménagements
qu'ont entre eux des guerriers nobles, alors même qu'ils
s'affrontent. Certes, elle s'accompagne aussi de proclamations et de
discours sur la protection des églises, des pauvres ou des femmes,
de la Gaule et de la Germanie antiques jusqu'à la France du
XIIe siècle. En étudiant des chroniques et des récits de toutes sortes
à la lumière de l'anthropologie, Dominique Barthélemy s'attache
particulièrement aux défis en combat singulier, aux accords
entre vainqueurs et captifs, aux rites d'adoubement, aux jeux et
aux parades et à toute la communication politique des rois et des
seigneurs, car ce sont eux qui font l'essence de la chevalerie.
Les guerriers «barbares» de l'Antiquité classique et tardive,
les Gaulois et les Francs, acquièrent ainsi une dimension «pré-chevaleresque».
Mais c'est à l'époque de Charlemagne que son
statut et son équipement font du guerrier noble un vrai
chevalier. Et c'est au milieu du XIe siècle que le comportement
chevaleresque se développe par une mutation décisive : on l'observe
ensuite dans les guerres de princes, les tournois et même au
cours des croisades, mais toujours avec des limites. Nulle part
cependant il ne s'épanouit davantage que dans les romans arthuriens
du XIIe siècle.