« Ce qui arrive en Chine arrive dans le monde, et ce qui arrive dans le monde arrive en Chine ».
Ce simple énoncé, aux faux airs de tropisme, assume en une phrase toute la radicalité d'Arif Dirlik. Ce sinologue américain d'origine turque est à l'écoute de ce que nous dit la Chine, sans jamais s'exempter de nous rappeler les complicités économiques, politiques, managériales ou académiques qui accompagnent son incroyable développement.
Les origines du mot « Chine », l'importation des sciences sociales, l'influence de l'anarchisme sur les premiers marxistes chinois, la trahison des promesses de la révolution, la Chine postsocialiste et le postmodernisme, le renouveau nationaliste, la destruction massive de l'environnement et la croissance continue des inégalités... voici la liste non exhaustive des sujets abordés par Arif Dirlik dans cet ouvrage qui échappe aux pièges de la sentimentalité victimaire et des discours exceptionnaliste comme essentialiste de la supposée « altérité » chinoise qui ont marqué les esprits au tournant du XXIe siècle.
Ce premier choix de textes, fait avec leur auteur, permet de découvrir la logique imparable qui lie histoire, langage et théorie critique dans une longue et fructueuse carrière, achevée trop tôt en décembre 2017.