La chine et le traité de Versailles (1919)
Une trahison occidentale
Au tout début de la Première Guerre mondiale, le Japon, qui avait choisi le camp des Alliés, chassa les Allemands de leur
base comptoir de Kiao-Tchéou au Shantung, position acquise par le procédé de la canonnière en 1898. Contre toute attente,
au lieu de rétablir immédiatement la pleine souveraineté de la Chine sur sa province, les décideurs du Traité de Versailles
transférèrent au Japon les droits ex-allemands au Shantung. La Chine s'estima trahie par l'Occident.
L'étude de cette facette de la Conférence de la Paix - tenue à Paris en 1919 - est riche d'enseignements. Elle révèle les difficultés de l'arbitrage des intérêts des nations, les impasses, les compromis de la politique internationale, la transgression des valeurs affichées, les bonnes intentions aussi - dont la création de la Société des Nations - le pouvoir exclusif du Conseil des Quatre, son indifférence et sa cécité à l'égard de l'Asie, le cas quasi-pathologique du président Wilson.
L'affaire du Shantung constitue un cas d'école de la diplomatie, de la géopolitique et du droit international ; elle conserve son intérêt dans l'analyse actuelle des relations de l'Occident avec l'Asie, avec la Chine tout particulièrement.