Pendant presque un siècle, la construction
de l'État-providence a constitué l'horizon naturel
du progrès social dans les pays industriels. Cet
État-providence est aujourd'hui mal en point. Il
est d'abord devenu trop coûteux. Si elles continuaient
à croître au rythme actuel, les dépenses
de santé absorberaient bientôt la quasi-totalité
des ressources des ménages ! Pour faire face à la
hausse des dépenses sociales, les prélèvements
obligatoires ont crû très rapidement, menaçant
du même coup la compétitivité des entreprises
et le dynamisme de l'économie. Mais l'État-providence
est surtout devenu une machinerie
de plus en plus opaque et bureaucratique. Les
principes de solidarité et de redistribution qui le
commandent n'apparaissent plus clairement. La
crise de l'État-providence est culturelle et morale
plus encore qu'économique.