La crise de l'Université Française
Traité critique contre une politique de l'anéantissement
Nous désirons montrer au sein de cet ouvrage que dans un contexte de pénurie bien organisée, de crise bien entretenue, les étudiants, les enseignants, les UFR, les laboratoires, les universités, sur fond de compétitions économiques et politiques territoriales nationales et internationales, sont soumis, non seulement à des logiques d'obligations de résultats, d'efficacité, de rendements à court terme, mais également et conséquemment à un système de valorisation du savoir totalement aliéné aux conjonctures économiques dominantes. Ce processus vise à l'obsolescence d'une université dont les finalités étaient jusqu'alors culturelles, intellectuelles et humaines. Les différentes réformes, qui ne sont que répétitions du « même », arrangements et aménagements conjoncturels de la société de marché au sein même du monde éducatif, ne visent plus à l'amélioration du développement des savoirs et de leurs circulations, mais à l'apprentissage de la compétition au sein des unités de formation et de recherche, l'accroissement de la marchandisation, de la pression socio-économique, de la reproduction du capital au sein d'un nouveau marché de la connaissance.
Nous souhaitons donc montrer combien les stratégies des institutions et des acteurs/agents sociaux visent à « gérer » l'intégration des universités dans le processus global de production et de compétition généralisées. Ce processus historique s'inscrit dans une quotidienneté où les interrelations entre les personnels et les institutions participent de manière impensée à la destruction des institutions d'enseignement et de recherche. En ce sens, la situation de l'Université résume en un point focal la réification des savoirs face à la marchandisation du monde.