Une des premières tâches de l'étude anthropologique de la dépression fut d'apprécier dans quelle mesure le vécu émotionnel de peuples de cultures différentes est proche du notre. De ce point de vue, une des prémisses les mieux partagées postule que c'est dans ses émotions que l'espèce humaine serait la plus homogène, la plus immuable. Les émotions seraient des faits naturels, préculturels... Mais, selon Catherine Lutz, l'opposition entre «émotion» et «cognition» n'a de sens qu'au sein du système culturel euro-américain dans lequel elle a été développée. Le concept de dépression serait donc une catégorie culturelle spécifiquement occidentale.