Depuis cinq siècles, la question romaine obsède les
Français. D'abord parce qu'elle les contraint à s'interroger
sur leur origine même - Germains ou Gaulois romanisés ?
Ensuite parce qu'il faut se mettre d'accord sur la Rome dont
on parle : celle de la République, des comices, des consuls,
de ce que l'on appelle au XVIIIe siècle le modèle romain ou
au contraire, depuis l'Empire, de la Rome impériale, du
césarisme, de ses adversaires barbares, de sa disparition au
profit de la monarchie française puis de la République ? Le
premier objet de ce livre est de chercher la permanence
comme les métamorphoses de cette référence qui sert de
miroir à la France, mais aussi à l'Allemagne.
Car il y a bien une question franco-allemande au coeur de
ces débats. Question politique avec les rapports du roi de
France et du Saint-Empire ; question sociale avec l'origine des
distinctions et des privilèges de la noblesse ; question nationale
suivant que l'on insiste sur la continuité romaine ou la
rupture germanique, avec les prolongements nationalistes
que l'on sait aux XIXe et XXe siècles.
Ce livre, écrit par l'un des esprits les plus savants et les
plus perspicaces qui soient, raconte une très vieille histoire,
toujours d'actualité : celle de la nature et de la place d'une
nation, autrement dit ce que l'on appelle l'exception
française.