Line Hokwerda est une petite fille que son père entraîne à devenir
forte : il la jette sans cesse par-dessus les roseaux, dans la rivière qui
coule derrière la maison familiale, pour la faire nager dans l'eau froide
jusqu'à épuisement. Mais Line est aussi une petite fille qui voit des
traces de sang sur les murs de la maison, après les disputes de ses
parents. Pleine d'admiration et de crainte mêlées, elle est la «prunelle
des yeux» de ce père taciturne et brutal, celle des deux filles qu'il préfère
- Line est la fille de Hokwerda. Jusqu'au jour où sa mère vient
chercher les enfants à l'école pour les emmener loin de leur père, sans
même un au revoir, sans un regard en arrière.
Une dizaine d'années plus tard à Amsterdam, Line est devenue une
jeune femme très belle, et très solitaire. Sans contact avec son père
depuis des années, elle travaille dans une boutique de blousons de cuir.
Ses rapports avec les hommes sont difficiles, passionnels, mais après
Marcus, le junkie, et Henri, le soudeur, sa relation avec le jeune avocat
Jelmer semble enfin mettre sa vie sur des rails plus stables. Jelmer souhaite
qu'elle fasse la paix avec son père, et l'accompagne pendant un
voyage en Frise, pour revoir Hokwerda. C'est alors que le fragile équilibre
de l'existence de Line s'effondre, et que tout semble s'accélérer
dans une spirale de mensonges et de violence.
À partir d'un canevas de faits divers, Oek de Jong a écrit un roman
très contemporain qui est aussi une puissante - et troublante -
réflexion sur le destin.