Septembre 1919.
L'Europe respire à nouveau l'air pur de la paix. Alors que les armes se taisent et que ses frontières sont redessinées par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, en Italie on crie à l'injustice. Un dandy poète-soldat, Gabriele D'Annunzio, dénonce la « Victoire mutilée » de son pays qui espérait obtenir bien plus de l'effondrement de l'Autriche-Hongrie.
Engagé volontaire, le héraut du nationalisme italien est également un héros de guerre par ses actions d'éclat. Il met sa verve, son charisme et sa gloire au service de la cause de Fiume. Ce port de la côte dalmate, peuplé d'italiens et entouré de Slaves, devient la pierre d'achoppement entre l'Italie et le futur royaume de Yougoslavie.
Les grandes puissances refusent de prendre parti et veulent en faire une « ville libre », Gabriele D'Annunzio va la libérer. À la tête d'une poignée de conjurés, de vétérans et de troupes de choc, il s'empare de Fiume le 12 septembre 1919. Pas un coup de feu n'a été tiré ni une goutte de sang n'a été versée.
C'est le début d'une épopée politique et artistique qui va durer quinze mois. La liste de ceux qui accourent pour y participer ne cesse de s'allonger : futuristes, anarchistes, syndicalistes révolutionnaires, artistes, aventuriers en tout genre. On y parle libération des peuples opprimés et on y vit la libération sexuelle, on pratique le végétarisme et le naturisme en consommant des narcotiques... Le laboratoire du XXe siècle avec ses passions et ses utopies. Sexe, drogues et fox-trot. Les
Années folles commencent à Fiume.