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La France a pleinement participé à la guerre froide. Mais à la différence d’autres pays, l’« atlantisme » y a presque toujours été minoritaire et, dans le domaine politique comme sur le plan militaire, elle a imprimé à cet affrontement sa marque particulière, sans tomber dans l’hystérie antisoviétique ni dans le rejet de la Russie en tant que telle. Présente dans toutes les grandes crises, elle a, avec davantage de détermination que ses alliés, cherché à maintenir dans ce conflit nouveau (conflit de puissance et conflit idéologique à la fois) le système international classique dans le cadre d’une « double sécurité » (aussi bien face à l’URSS que face à une éventuelle résurgence du problème allemand), ou même elle s’est employée à promouvoir un nouveau système européen permettant de relativiser les différences entre les deux parties du continent. Malgré le confort que la situation aurait pu lui procurer, elle a tenté, avec des variantes et des responsables aussi différents que de Gaulle, Bidault, Robert Schuman, Mendès France, Mitterrand, d’imaginer une sortie qui ne serait pas le résultat d’une victoire pure et simple. Sortie qui passerait par le retour au primat de l’intérêt national à l’Est ou bien par la convergence des modèles de société. Au total, si la France n’a pas « gagné » cette guerre de cinquante ans, elle ne l’a pas « perdue ». Étant donné la lourdeur des problèmes de la décolonisation et la profondeur de ses divisions internes sur la politique à suivre envers l’URSS mais aussi envers les États-Unis et l’Allemagne, c’est déjà beaucoup. Appuyée sur le dépouillement méthodique des archives du Quai d’Orsay et des autres grandes chancelleries, la plupart inédites, des témoignages et des Mémoires de multiples protagonistes, cette somme historique sans précédent renouvelle fondamentalement notre vision du second XXe siècle.