Trois personnages en quête de liberté. Ils vivent dans une maison radieuse et sont liés entre eux par un amour que rien ne ternit.
La question n'est cependant pas là. Pour Anneliese, femme du médecin Brandhardt, pour Gitta, leur fille, et surtout pour Balduin, leur fils, la liberté consiste à «ne pas manquer la station des artistes», devant laquelle le train de la vie s'arrête si peu de temps.
Malgré sa bonté et son intelligence, Brandhardt incarne l'ordre social et la domination masculine. Anneliese a renoncé à sa carrière de pianiste virtuose. Gitta, épouse de l'intuitif Markus, à force de coups de tête impulsifs, prendra en main sa propre existence. Le personnage le plus éclatant du livre est l'adolescent Balduin, portrait du jeune Rainer Maria Rilke.
L'analyse profonde et subtile que fait Lou Andreas-Salomé du jeune poète à travers Balduin (elle reproduit une lettre que Rilke lui a réellement adressée) accroît encore l'intérêt de cette marche vers l'indépendance.
Le «pays des artistes» est pour tout le monde le pays de la liberté. Il convient de ne pas vivre hors de ses frontières.