La Mer et le Miroir, commentaire de La Tempête de Shakespeare
Édition bilingue. Traduction de l'anglais et présentation par Bruno Bayen et Pierre Pachet
«Pourtant, en ce moment précis où nous nous voyons enfin nous-mêmes tels que nous
sommes, ni à l'aise ni folâtres, mais sur l'ultime corniche battue des vents qui domine le
vide sans fin - nous ne nous sommes jamais tenus ailleurs - alors que nos raisons sont
réduites au silence par l'énorme dérision - Il n'y a rien à dire. Il n'y a jamais rien eu à dire - et
que nos volontés tremblent entre leurs mains - Il n'y a pas d'issue. Il n'y en a jamais eu - c'est
à ce moment que pour la première fois de nos vies nous entendons, non pas les sons que,
acteurs-nés que nous sommes, nous avons jusqu'ici condescendu à utiliser comme un
excellent médium pour mettre en valeur nos personnalités et notre allure, mais la Parole
réelle qui est notre seule raison d'être.»
W. H. Auden, «Caliban au Public», La Mer et le Miroir, 1944.