La Mise en papa
Au commencement le fleuve était sans chapeau. Le toit du ciel s'était barré dans le big-bang avec la démission de l'Éternel. De part et d'autre du fleuve, la même température troublée dans le brouhaha des mécanismes. Sacoches humaines aux reins flottants qu'on entend bavarder à coups de danses lascives. Brazzaville est une énorme rotation sexuelle. Impossible de ne pas imaginer le pire.
Fiston perd son père, noyé dans le fleuve Congo. Quelques jours plus tard, le corps réapparaît, sans tête. Lors de l'enterrement, Fiston ne supporte pas de voir les siens vénérer un cadavre décapité : il déshonore la dépouille, insulte sa famille, humilie ses belles-soeurs, urine sur les masques. Indignés, les notables le condamnent à prendre pour compagnie une tête de mort, qu'il imaginera être celle de son père. Cette tête, il va La perdre et devra la retrouver. Il errera ainsi au milieu des bars qui ne ferment jamais, se perdra dans les histoires de la grand-mère que personne ne comprend, causera avec son oncle communiste-proxénète, croisera des sirènes...
La Mise en papa est un roman fou sur l'enfer congolais des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, sur la dictature et les guerres civiles. C'est aussi une déclaration d'amour au fleuve Congo et aux mille peuples de Brazzaville. C'est enfin un roman- monde où seule la folie peut guérir de la folie.