Entre 1920 et 1960, dans le Péloponnèse, le village perdu où naquit l'auteur. Tout ce qu'il raconte ici est vrai, il le jure. Il s'agit pour lui de rapporter fidèlement les témoignages des aînés, de sauver la mémoire d'un lieu. Pas de folklore, de pittoresque, d'hommage à la tradition, de douce nostalgie, mais la vie de ces paysans d'autrefois dans toute sa rudesse.
Dans des lieux minutieusement nommés, s'agite une foule de personnages aux occupations précisément décrites. Ils nous apparaissent frustes parfois, ces villageois (mais accompagnés d'animaux intelligents), habités souvent par des passions et des instincts obscurs, haines, colères, envies de meurtre, et frappés de tous côtés par le malheur - les guerres, la pauvreté qui contraint nombre d'entre eux à l'exil. Les éléments eux-mêmes se déchaînent contre eux, la neige les ensevelit, l'orage les noie. Les hommes s'entretuent, les femmes, elles, décrites avec tendresse, se suicident plutôt.
Une écriture sèche, sans longueurs, forte mais subtile. Un déluge d'informations et de désorientations vaguement vertigineux, qui fait naître, au sein même du réalisme, une sournoise couleur fantastique. La mort de la vipère a obtenu en 2020 le Prix d'État pour la nouvelle.