«J'ai découvert l'inconnu d'un monde, étrange
dépaysement, à mon arrivée sur la rivière de Saigon
après cinquante-cinq jours de traversée ; je n'avais
d'yeux que pour les centaines de paillottes sur
pilotis, tout au long des berges, l'avancée lente,
cérémonieuse, des buffles de la rizière, retenus à
la corde par des paysans à chapeaux coniques,
pantalons retroussés. J'ai entendu les premières
rafales de la guerre à la Pointe des Flâneurs. Des
miliciens viets isolés, cachés dans les hautes
herbes, tiraient sur le bateau et nous étions sur le
pont, comme au spectacle, déjà perdus par cette
inconscience qui allait être ma sauvegarde.»