Nous avons tous vu, à un moment ou à un autre, dans des ateliers de mécanique, des garages, des cabines de routiers ou autres lieux de travail masculins, ces posters donnant à voir des femmes dévêtues et dans des positions suggestives.
Ces images de pin-up (littéralement « punaisées haut ») font ici l'objet d'une approche anthropologique. Anne Monjaret a longuement parcouru l'environnement de travail masculin : sa recherche a commencé dans les années 1990 dans les services techniques de trois grands hôpitaux parisiens et s'est poursuivie dans d'autres milieux de production ou d'entretien. Plusieurs années plus tard, elle revient sur les conditions de cette enquête et elle évoque la difficile posture d'une femme ethnologue s'introduisant dans un monde exclusivement masculin. Elle analyse la signification et la portée de telles images et observe la division sexuelle des espaces et des postes de travail.
Au cours de son investigation, elle constate aussi que ces pratiques se modifient et qu'aujourd'hui les affichages de nus féminins tendent à disparaître de ces lieux. Les calendriers, par exemple, accrochés dans des espaces plus ouverts et non uniquement masculins peuvent aussi montrer des hommes musclés dénudés.
Dans cet essai original, Anne Monjaret raconte son parcours dans les ateliers et interroge les manières de pratiquer la discipline. En questionnant le regard que les hommes portent sur les femmes, elle contribue à la réflexion sur le changement des relations entre les sexes et rappelle la pluralité des formes d'expression des rapports sociaux de genre. Elle aide ainsi à s'affranchir des stéréotypes qui naturalisent et distinguent un sexe fort et un sexe faible.