La politisation de l'ordre sexuel
Les conquêtes féministes, la lutte des minorités pour leur reconnaissance illustrent exemplairement la volonté humaine de se libérer des contraintes imposées par la Nature ainsi que des idéologies qui s'y adossent au nom d'un Ordre du Monde jugé éternel. Le républicanisme, progressiste, mais abstrait, n'est-il pas le cache-sexe du refus de prendre en compte le concret des communautés sexuelles, ethniques, maintenues invisibles ? Faut-il rejeter l'anthropologie, la psychanalyse, suspectes, au nom de la défense d'un Ordre Symbolique oedipien transcendantal, de s'opposer à toutes libertés politiques nouvelles acquises dans le domaine de la vie privée, de la filiation ? Alors que pour Judith Butler, la référence à des concepts comme homme/femme, féminin/masculin, est réactionnaire car construite par des discours sociaux et culturels, les pratiques « queer » visent à pervertir ces immobilismes en plaçant l'accent non sur l'introspection et le désir mais sur l'action et la recherche de nouveaux plaisirs individuels et collectifs. Il faut se construire, comme le dit Foucault, une nouvelle esthétique de l'existence.