La contre-révolution paraît associée en France à la défense de l'absolutisme.
Pourtant, à ses débuts, la plupart des premiers contre-révolutionnaires
se sont opposés à la Révolution en se réclamant des
doctrines d'opposition à la monarchie absolue d'Ancien Régime.
Ces esprits ont même obtenu la convocation des États généraux.
Mais ils ont très vite été dépassés par les événements et se sont
retrouvés désignés comme des «aristocrates». Ils n'ont pas pour
autant renoncé à leur ambition d'établir en France une monarchie
limitée. Et, s'ils restent attachés à «l'espace gothique» de la société
d'ordres, certains se révèlent, comme Cazalès, très visionnaires sur
les mécanismes du futur gouvernement parlementaire. La pensée
et l'action de ces contre-révolutionnaires, généralement méconnus,
mettent en lumière la complexité des premiers courants conservateurs
en France. Elles témoignent d'une sensibilité «libérale» conservatrice
qui ferait, comme en Angleterre, la transition entre Montesquieu et
Burke. C'est à l'examen de ces défenseurs d'une monarchie limitée
qui, par certains côtés, annonce certaines monarchies du XIXe siècle,
notamment allemandes, que cette étude est consacrée. À travers un
examen particulier des archives du Vatican, elle évoque aussi le rôle
majeur que certains ont eu dans le schisme religieux de 1791.