La première fois qu'Aurélien vit Bérénice
L'amour est depuis l'Antiquité la plus grande source d'inspiration littéraire. Les plaintes de Didon au départ d'Énée, la passion de Tristan et Iseult, l'aveu de Phèdre à Hippolyte, l'amour de Julien Sorel pour Madame de Rénal, de Frédéric Moreau pour Madame Arnoux, les pages d'incantation amoureuse dans Belle du Seigneur ou les évocations sentimentales de Nerval, de Verlaine, Proust. Apollinaire, Aragon... Les scènes amoureuses ont sans conteste fourni les pages les plus éclatantes de la littérature.
Mais que nous révèle une étude d'ensemble de ces scènes, du jeu amoureux comme du travail de l'écriture ? Dans son rapport au désir, l'écriture passe par des motifs narratifs dont on peut repérer les évolutions et permanences historiques : le coup de foudre, le trouble, le jeu du regard ou les liens entre Éros et Thanatos.
De Homère et la Bible à Christine Angot, cet essai se propose de les analyser, éclairant les modulations de la passion amoureuse et la liaison qui s'y établit entre le langage et le corps. Et parce que ces enjeux passionnels sont également politiques, esthétiques et même métaphysiques, la réllexion emprunte autant à l'analyse textuelle qu'à l'histoire des idées, à la psychanalyse et à la philosophie, pour mieux débusquer, dans le travail de l'écriture, le jeu du désir amoureux.