En raison de son engagement dans l’Alliance atlantique, la Quatrième République a souvent été présentée comme un régime faible, soumis à l’influence américaine, contrastant en cela avec la France du général de Gaulle, ferme et en rupture avec l’OTAN. D’où la nécessité d’une approche plus « compréhensive », moins destinée à « juger » les hommes du passé à l’aulne de ce qui est ensuite advenu qu’à essayer de saisir la manière dont ils percevaient le monde et le sens qu’ils donnaient à leurs actions. Cela conduit à définir l’« atlantisme » français comme un atlantisme de raison et à réinterpréter un passé presque honteux, renvoyant à un temps où la France comptait sur l’OTAN et où l’OTAN était installée en France. Il faut pour cela relier des traditions historiographiques en partie parallèles (histoire politique, économique, culturelle, coloniale et des relations internationales), sans sous-estimer l’approche institutionnelle de la relation France-OTAN. Car comment comprendre les relations entre les décideurs français et l’OTAN sans avoir une idée précise de la manière dont fonctionne l’organisation atlantique ? Ce fil rouge du processus de décision permet de voir qu’au-delà des querelles, des rivalités et des changements de personnels, la politique atlantique française est menée par des experts et des hauts fonctionnaires. Leur quête d’influence, dans un contexte où tout semble conduire la France à la dépendance, ne fut peut-être pas l’échec que l’on imagine trop souvent.