La résurgence des intégrismes religieux et le repli sur des convictions dogmatiques ont relégué dans l'ombre ces voix qui, de l'Epicurisme à la Franc-maçonnerie, défendirent un «credo minimum» universaliste et tolérant. De l'Antiquité païenne au spiritualisme français du XIXe siècle, la religion naturelle n'a cessé d'être le point de rencontre de penseurs rationalistes et religieux qui ont vu en elle l'invariant fondamental de toute religion, la base commune à partir de laquelle pourraient dialoguer les croyants de diverses créances aussi bien que les philosophes et les «simples», hommes et femmes de bon sens et de bonne volonté.
Cette étude présente le noyau théorique permanent et l'évolution thématique de la religion naturelle depuis Cicéron (De la nature des dieux, 45 av. J.-C.) jusqu'à Jules Simon (La religion naturelle, 1856) en passant par Erasme, Spinoza, Locke, Toland, Hume, Voltaire, etc. Ce faisant, elle montre comment la réflexion sur la religion naturelle a été aussi l'occasion d'une interrogation sur l'accès à une pensée authentiquement personnelle et libre, qu'il s'agisse de la pensée religieuse ou de la philosophie.