Pierre Seghers, poète, résistant de la première heure, et éditeur des poètes du monde entier, fut le premier à retracer en 1974, avec La Résistance et ses poètes, l'aventure individuelle et collective de la poésie française sous l'Occupation. Cet ouvrage de référence est composé d'un récit historique et d'une anthologie, qui intimement se complètent et se répondent.
Dans cette anthologie, Pierre Seghers réunit une centaine de poètes qui eurent les mots pour armes. Leurs poèmes furent publiés en " contrebande " pour tromper la censure, écrits dans la clandestinité ou le maquis, depuis les prisons et jusqu'aux camps de déportation. Ils résonnent encore aujourd'hui tels des cris profonds et autant d'appels à la liberté.
" À côté de noms déjà établis avant la guerre au cœur de l'avant-garde, mais que leur engagement fait définitivement entrer dans le canon des classiques (ceux qu'on étudie en classe) – un Aragon, un Desnos, un Eluard –, la surprise, pour le lecteur non prévenu, vient du foisonnement des anonymes, des inconnus et des méconnus. [...] Par-delà toutes les différences de qualité et de style qu'on imagine – et qui s'imposent à la lecture –, ces poètes ne font de la politique que parce qu'ils font de la poésie. [...] Seghers trouvera la formule qui fait mouche : "La poésie de la Résistance ne sera pas la poésie d'un parti politique, mais celle de l'homme en danger de mort'. "
Extrait de la préface de Pascal Ory, de l'Académie française