La chambre éclairée par la lanterne magique, où s'ouvre « la trappe invisible par où les fantômes apparaissent », est
chez Proust le lieu des songes signifiants, des possessions malgré soi, des assouvissements extrêmes. Dans cette
nuit inquiète s'anime un sujet en proie à une énigmatique « transvertébration » qui entrecroise de primordiales formes de soi - bisexuation, inceste, hybridation homme-bête, revenance, judaïsme... Une esthétique de la surimpression caractérise ces deux expériences de frayage et de passage que sont l'écriture et la vie. Proust comme être traversé et traversant, tel est le sujet de ce parcours qui, initié il y a une trentaine d'années, rend compte de la puissance philosophique d'un roman hanté par « la
rumeur des distances traversées ».