Pour en finir avec le " modèle occidental de la guerre ", une nouvelle histoire de la stratégie décrassée des préjugés culturels et ethniques.
Au VIIIe siècle avant J.C., Homère expose de manière frappante la dualité qui fonde la stratégie. Dans l'Iliade et l'Odyssée, le poète grec met en scène la guerre à travers deux personnages phares. Achille, héros de la force, est un guerrier : son honneur est au-dessus de tout. Ulysse, héros de la ruse, est un stratège : seule la victoire compte.
Cette combinaison de la force et de la ruse semble structurer dès l'origine l'histoire de la stratégie en occident. Pourtant, la force a davantage attiré l'attention des historiens. Dans l'ouvrage de Victor Davis Hanson, Le Modèle occidental de la guerre, la ruse n'apparaît jamais comme un élément majeur de la stratégie. Au contraire, elle fait figure de repoussoir. Cet " orientalisme " militaire et stratégique n'est évidemment pas recevable, tout simplement parce qu'il ne reflète pas la réalité historique et se fait l'écho d'un discours idéologique.
Il s'agit donc d'en finir avec cette lecture afin de comprendre ce que la stratégie, dans le monde occidental, doit à la ruse, en identifiant les moments clés de son histoire, de l'antiquité grec aux mouvements terroristes du XXIe. Se déploie ainsi une histoire longue de la stratégie qui met en scène, pour la première fois et de manière systématique, le dialogue ininterrompu de la ruse et de la force.