Les trois dialogues composés par le Cardinal Nicolas de Cues
pendant l'été 1450 ne résument pas toute la pensée de cet auteur,
mais ils éclairent d'un jour relativement nouveau sa réflexion sur le
lien entre sagesse et savoir. Proche en cela des Anciens, Nicolas de
Cues pense leur unité dans la lumière de l'Un - de la Déité, écrit-il
parfois - réfléchie par la puissance de l'esprit humain. Cet esprit
est compris comme imago dei, non pas image de Dieu, car tout ce
qui est est image de Dieu, mais plutôt copie de Dieu, reprise de la
toute-puissance divine dans les limites que lui impose, toutefois,
le fait d'être finie. La vérité étant en elle-même inaccessible ici-bas
- inattingible, écrit Nicolas de Cues - reste le développement de
cette vérité ou de l'Un, c'est à dire ce monde que l'esprit a pour tâche
de mesurer, de reprendre, de recréer. Savoir pour inventer un
monde à venir, avec humilité et ouverture à l'Étranger : cela s'accorde
précisément avec ce que certains historiens nomment l'Humanisme.