Paris, 1945. Dans la France libérée, les Juifs rescapés de la Shoah
doivent faire face à des difficultés morales et matérielles qui
semblent compromettre l'avenir du judaïsme en France. Contre
toute attente, des écoles juives d'un genre nouveau ouvrent pourtant
leurs portes dans la capitale.
Cette réforme de l'éducation juive prend sa source dans la Résistance.
Dès 1940, un groupe de jeunes Juifs, membres de mouvements
de jeunesse, lance un ambitieux plan de retour au judaïsme.
Versés dans l'étude des textes de la tradition, ces résistants fondent
alors une stratégie de «Résistance biblique» qui sera le point de
départ d'un vaste mouvement de redéfinition de l'identité juive
en France. Marginale à ses débuts, l'entreprise culminera dans les
années 1960 avec la fondation d'un véritable courant intellectuel,
l'École juive de Paris.
En plus de suivre l'aventure personnelle d'hommes et de femmes
à la volonté exceptionnelle, cet ouvrage offre une plongée dans la
fabrication in vivo d'une identité religieuse moderne et ouverte sur
la cité, qui est parvenue à s'imposer à la Libération autour de Jacob
Gordin et de l'École d'Orsay.
Sur la base de son analyse du rôle décisif de la Résistance dans
les renaissances du judaïsme français après la Seconde Guerre
mondiale, Johanna Lehr propose une périodisation nouvelle de
l'histoire du judaïsme français.