La torture pratiquée par l'armée française pendant la guerre d'Algérie a marqué durablement la mémoire nationale, au point de ne cesser de revenir dans l'actualité, souvent pour y nourrir des affrontements ou des scandales.
Loin des polémiques, le livre de Raphaëlle Branche éclaire comme jamais auparavant les mécanismes de la torture, qui trouvent leur origine dans le racisme colonial et les méthodes héritées de la guerre d'Indochine.
Grâce à des archives publiques enfin ouvertes et des témoignages de soldats et d'officiers, Raphaëlle Branche analyse, outre le fonctionnement de l'institution, les gestes des tortionnaires, le discours et les ressorts de l'autojustification ainsi que l'engrenage de la violence individuelle et collective face aux fragiles barrières de la conscience ou de la morale.
En toile de fond apparaissent les responsabilités du pouvoir politique et les échos parvenus à l'opinion publique tout au long d'une guerre qui ne voulait pas dire son nom.
Le livre de Raphaëlle Branche restitue ce pan dramatique de l'histoire en mêlant un travail d'archives inédit et des enquêtes auprès des témoins, dans une étude serrée qui se nourrit d'anthropologie comme d'histoire politique.