La trace du fleuve
La Seine et Paris (1750-1850)
Édition augmentée d'une nouvelle préface de l'auteur
À l'orée du XXIe siècle, alors que la Seine incarnait Paris au travers de ses armes ornées d'un vaisseau, les Parisiens ignoraient leur fleuve. Cet étonnant paradoxe a suscité l'enquête historienne d'Isabelle Backouche qui met en lumière la formidable diversité des rôles du fleuve dans la ville du XVIIIe siècle. Elle montre à quel point la Seine a longtemps été vitale, tant pour les hommes que pour les pouvoirs. Tout à la fois espace partagé, espace contesté et espace remodelé, le fleuve a ainsi pesé d'un poids déterminant dans le façonnement de la vie urbaine.
Cependant, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, la Seine s'écarte de cette vocation pour devenir une voie de navigation nationale de plus en plus étrangère à la capitale, un fleuve monumental et désincarné. Ce nouveau destin puise ses formes et ses justifications dans le siècle des Lumières. De la ville ancienne à la ville contemporaine, le fleuve a eu sa chronologie singulière, bien éloignée des rythmes, historiographiquement plus conventionnels, d'une mutation parisienne scandée par l'haussmannisation.
Cette singularité est restituée grâce à une histoire sociale, attentive à la diversité des acteurs et des intérêts qui les animent et soucieuse de les ancrer dans un territoire. À l'heure où Paris redécouvre son fleuve, cette histoire de la rupture entre la Seine et Paris éclaire le défi d'une reconquête au XXIe siècle qui devra nouer ensemble nouveaux usages et aménagements programmés. La Seine offre ainsi un fécond terrain d'expérimentation pour comprendre le devenir urbain et les relations mouvantes de l'homme et de la ville.