Peu d'idées sont autant galvaudées aujourd'hui que celle de «réalité». Hommes politiques, chefs d'entreprise, mais aussi économistes et romanciers s'en réclament: seul le réalisme semble recevable, et il suffit à tout justifier. La réalité constitue désormais, dans notre mentalité collective, la valeur étalon. Elle est le nouveau dieu que nous vénérons; le dernier qui reste en magasin, peut-être.
Mona Chollet épingle l'usage pernicieux de cette notion dans tous les types de discours et démontre pourquoi l'injonction réaliste relève de l'imposture. À une époque où les relations essentielles à notre équilibre - la relation à l'environnement, la relation à l'autre - se vivent sur un mode chaotique, il est temps de se poser quelques questions...
Un texte mordant et salutaire, qui non seulement déconstruit l'idéologie implicite de certains «réalistes», mais ouvre aussi joyeusement un chemin de traverse: il rappelle les bienfaits de l'imagination et du rêve, non pas pour «fuir la réalité», mais au contraire pour se donner une chance de l'habiter pleinement.